« Je produis du houblon dans l’Ouest »
Marie Migné cultive du houblon depuis 2020 dans le nord de la Vendée. Sur trois hectares, elle a planté neuf variétés.
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Marie Migné, 33 ans, s’est installée en janvier 2020, à la Boissière-de-Montaigu, une commune du nord de la Vendée dont elle est originaire. « J’ai repris 60 ha de prairies et immédiatement passé 6 ha en bio, sans période de conversion du fait de leur ancienneté », explique l’agricultrice qui consacre aujourd’hui 50 % de cette surface AB à la culture du houblon.
Humulus lupulus est encore rare dans l’Ouest mais, boostée par la demande des brasseries locales (1), la culture gagne du terrain (lire l'encadré). Les investissements sont élevés : de l’ordre de 12 000 €/ha pour les plants ; autant pour les poteaux, les câbles et les ficelles qui permettent aux lianes de grimper. « J’ai donc commencé par planter un hectare en mars ou avril 2020 puis deux autres en mars et avril 2022. »
Six repousses par pied
Dans la première parcelle, traversée par une veine d’argile, elle a opté pour des rhizomes de Cascade, Centennial, Nugget, Perle, Tettnanger et Tradition. Ces six variétés, plantées en racines nues, font partie de la quarantaine du domaine public. « Je les ai également choisies pour leur moindre sensibilité aux maladies, l’oïdium et le mildiou en particulier. » Dans l’autre parcelle, sablo-limoneuse, Marie a remplacé les trois dernières par Brewers Gold, Magnum et Barbe Rouge, une variété protégée.
Une fois en place, les pieds de houblon sont taillés chaque année en mars. « À la fin avril et au début de mai, je sélectionne six repousses, de même taille et même vigueur ». Avec l’aide de saisonniers (2,5 ETP), Marie les accroche aux ficelles (2 par pied). Le chantier nécessite jusqu’à trois passages. En parallèle, la culture est buttée (3 passages) ; le rang et l’interrang (3,20 mètres) sont désherbés, manuellement ou/et à l’ébrousseuse.
« Lorsque les lianes atteignent 4 mètres, nous les effeuillons sur un mètre, à la main. » Cette pratique limite la remontée de parasites. En l’aérant, elle protège aussi la culture du mildiou et de l’oïdium. « En bio, nous avons très peu de solutions, évoque Marie. Ce printemps, nous avons retiré à la main les quelques feuilles marquées de mildiou. »
Travailler le sol
Pionnière, Marie Migné a aussi essuyé les plâtres. « En 2020, nous avions simplement fait un déchaumage avant de planter les pieds à la tarière, évoque-t-elle. Derrière, il a plu : 30 % des pieds ont été noyés. » L’année dernière, avant de planter la deuxième houblonnière, elle a donc commencé par casser la prairie puis semé un chanvre. Résultat ? « Seulement 3 % de perte ! »
Marie Migné vend sa production en direct, sous sa marque (Poppin’s Hops). Ses rendements restent encore modestes. « En sachant, précise-t-elle, que je ne récolte pas la première année pour laisser la plante faire un cycle complet. Il faut trois ans avant d’avoir une pleine récolte de houblon. » Pour autant, la récolte de 2022 (180 kg pour un ha) a trouvé preneur sans difficulté. L’essentiel (95 %) est parti sous forme de pellets.
(1) 381 recensées en 2021 dans les Pays-de-la-Loire et la Bretagne.
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